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Têtes à claques

« Je peux très bien leur claquer la […] sans m’énerver », pour citer Michel Audiard.

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Les députés ont auditionné, en septembre, Maxence Bigard , fils du PDG du groupe leader de la viande bovine, et Michel Nalet, de Lactalis, dans le cadre des États généraux de l’alimentation. Aux questions insistantes des députés sur le fait que Bigard ne publiait pas ses comptes et présentait une situation quasi monopolistique, celui-ci a répondu : « Ce rapport, j’en prends acte. Je prends acte de vos questions également », sans apporter d’autres réponses qu’une langue de bois en chêne massif. Le président de séance, Roland Lescure, a conclu l’entretien par ces mots : « J’aurais aimé que les réponses soient plus loquaces. »

Puis vint le tour de Lactalis qui a refusé lui aussi fermement de divulguer les comptes du groupe , prétextant que leur publication ne permettrait pas « une discussion plus sereine sur la fixation du prix du lait ». Mais il a débattu, au point que, sensibles à la forme plus avenante, après le mutisme de Maxence Bigard, les députés ont fini par applaudir Nalet, simplement pour ne pas avoir éludé les questions. C’est quand même un comble d’applaudir le représentant d’un groupe en marge de la loi !

Un autre qui mérite une calotte, c’est Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution. Dans une tribune parue en septembre, il met en garde les participants aux États généraux de l’alimentation contre la tentation de prix politiques : « C’est d’une banale honnêteté intellectuelle, mais baisser les coûts est, par principe, une manière de rendre un prix plus rémunérateur (à la condition, évidente, que l’organisation de la mise en marché soit telle qu’elle permette de conserver le gain obtenu). N’en déplaise à beaucoup, les coûts de la ferme France sont décalés », explique-t-il. Ce spécialiste de la grande distribution oublie de dire que l’aval accapare la plus-value. De plus, nous produisons avec des normes françaises et sommes payés au prix européen, voire mondial.

Michel-Édouard Leclerc, c’est une boîte à torgnoles qu’il faut lui offrir à Noël. Prétendre que le relèvement du seuil de vente à perte va faire exploser le panier de la ménagère de 5 à 15 % est carrément mensonger. Quand la ménagère achète pour 100 € de biens alimentaires à la GMS, il en revient 8 à 14 € à l’agriculteur. Donc, une augmentation de 20 % départ ferme ne va pas affecter d’autant le produit final.

En analysant leurs discours, on s’aperçoit que Leclerc est à la distribution ce que Lactalis est à la transformation : ce sont des provocateurs. Feu Alexis Gourvennec disait : « L’agriculture a vocation de fournir l’industrie. » Chacun comprenait que l’agriculteur était l’allié né de l’industrie alors qu’aujourd’hui, le producteur est aliéné par l’industrie. La France a obtenu la deuxième meilleure note dans le classement mondial des pays concernant la qualité et la sécurité alimentaires (Global Food Security Index 2016). Mais ça, transformateurs, distributeurs et consommateurs s’en contrefoutent… et ne veulent surtout pas le payer à l’amont.

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